Comme promis (il y a déjà trop longtemps), je viens vous présenter l’évolution de mon expérimentation du “focus stacking”.
Au début de mon exploration de cette technique pour la réalisation de mon projet Transparences, je procédais aux ajustements de mise au point manuellement. Dans plusieurs images, le résultat obtenu ne répondait pas à mes attentes et n’était pas utilisable. Certains aspects de cette façon de faire m’apparaissaient responsables de ces déconvenues :
- un mauvais chevauchement des zones de netteté en raison de l’aspect aléatoire des modifications de la mise au point (la régularité de l’espacement entre les cibles de la mise au point);
- des micro-déplacements en raison des manipulations physiques de la bague de mise au point (la stabilité du cadrage);
pour nommer les principales.
Une solution s’impose rapidement pour apporter une réponse à ces préoccupations : la prise de vue en mode connecté! Encore faut-il que le logiciel utilisé offre la possibilité de contrôler la mise au point, ce qui n’est pas le cas de Lightroom.
J’avais déjà fait des recherches pour trouver un logiciel qui permettrait de contrôler les paramètres de la prise de vue de l’appareil photo lorsque que j’ai exploré le HDR. J’avais entrepris cette recherche en raison des limitations de mon Nikon D7000 (le D600 souffre de la même limite). En effet, ces modèles n’offrent que trois prises de vues (sous-exposé, sans correction et sur-exposé) en mode bracqueting, alors qu’on peut avoir besoin de plusieurs clichés pour couvrir la plage dynamique de façon optimale. Il est toujours possible de modifier l’exposition de base pour contourner cette limite, mais cette façon de faire oblige à manipuler l’appareil, ce qui est à éviter lorsqu’on veut s’assurer que l’appareil ne bougera pas entre les déclenchements pour obtenir un piqué maximal.
J’avais alors découvert ControlMyNikon (sous Windows), qui pour un prix très accessible offrait les caractéristiques recherchées. Par la suite, j’ai trouvé un autre logiciel, gratuit celui-là : digiCamControl. Surprise, chacun offre le contrôle de la mise au point. Je ne m’étais pas intéressé à cette fonctionnalité lors de mes précédentes recherches, mais j’étais très heureux de la découvrir maintenant. De plus tous deux gèrent mes deux boîtiers.
Me voilà donc à pied d’œuvre pour poursuivre mon travail. Après quelques tentatives infructueuses, j’écarte ControlMyNikon (version 4.3) avec dépit. Celui-ci se révèle très sensible au câble utilisé et à la longueur de celui-ci. De plus, son interface pour le contrôle de la mise au point n’est pas très conviviale. Je n’ai pas vérifié si la version 5 corrige ces restrictions, car j’avais sous la main digiCamControl. Celui-ci se montre au contraire très tolérant en ce qui a trait à la liaison caméra - ordinateur et plutôt simple d’utilisation! Bravo à son concepteur, Duka Istvan.
digiCamControl offre même une fonction d’automatisation du “focus stacking”. Par contre, j’ai dû tâtonner beaucoup avant de comprendre comment utiliser celle-ci (l’aide – en anglais seulement – ne décrit pas la façon de procéder et je n’obtenais aucun résultat en me basant sur le tutoriel accessible sur le site). Je vous offre donc le fruit de ce défrichage.
Réglages de base
Pour accéder à cette fonctionnalité, on doit d’abord passer en mode LiveView en cliquant sur l’icône Lv.
Une fois le LiveView activé, il faut procéder au réglage de l’exposition de la prise de vue dans l’onglet Controler. Dans mon exemple, la prise de vue se fait avec un flash. J’ai réglé la vitesse d’obturation à 1/200 sec et l’ouverture à f/16 pour une sensibilité de 100 ISO. La balance des blancs est réglée à Flash ce qui donne une forte dominante rouge à l’image témoin en raison de l’éclairage d’appoint utilisé (lampe halogène). Cet éclairage d’appoint est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement du LiveView. J’ai découvert plus tard dans l’onglet Affichage, qu’il est possible de régler celui-ci en noir et blanc, ce qui facilite beaucoup ce travail de mise au point.
Ces paramètres réglés, je déplace le curseur de mise au point sur la zone qui m’apparaît la plus proche de l’appareil et je clique sur le bouton Autofocus pour obtenir un ajustement de base. Je peaufine celle-ci en utilisant les boutons de contrôle au bas de l’écran (<<<, <<, <, >, >>, >>>). Je vérifie l’ajustement obtenu en réalisant un cliché (clic sur le bouton Photographier).
Prise de vue manuelle
Avant de réussir à comprendre le fonctionnement de la prise de vue automatisée, j’ai eu recours à l’utilisation manuelle de la gestion de la mise au point pour la prise de vue. J’ai procédé en modifiant légèrement le réglage de la mise au point avec les boutons de contrôle déjà mentionnés, puis à faire un cliché grâce au bouton Photographier. Le pas utilisé pour chacun des boutons correspond respectivement à 10 (>), 100 (>>) et 500 (>>>). J’ai procédé ainsi étape par étape jusqu’à ce que j’obtienne une image nette des zones les plus éloignées de l’objectif. De cette façon je réussi à couvrir le champ complet.
Inutile de mentionner que c’est un processus qui demande une attention soutenue et qui peut se révéler assez long et fastidieux.
Par contre, il permet tout de même d’arriver à des résultats probants! En voici un exemple :
L’objet photographié avait une épaisseur de 44mm et a nécessité 21 photos qui ont été combinées avec LR/Enfuse.
Pour avoir une idée plus complète des possibilités offertes, voici la première photo de ces 21 photos (celle du point limite rapproché) :
Prise de vue automatisée
A force d’explorer les contrôles disponibles, j’ai finalement réussi à comprendre comment procéder pour automatiser la prise de vue.
Lorsque je suis satisfait de du résultat obtenu à l’étape des réglages de base, c’est à dire que j’ai trouvé le point de l’objet le plus rapproché de l’objectif et que l’exposition est adéquate, je bloque le point limite rapproché en cliquant sur l’icône du cadenas de gauche.
Je procède ensuite au réglage du point limite éloigné en utilisant les boutons de contrôle. Je vérifie au besoin à l’aide d’un cliché (bouton Photographier). Lorsque je suis satisfait, je bloque le point limite éloigné en cliquant sur l’icône du cadenas de droite. L’amplitude de l’incrément de la mise au point est alors indiqué (ici 2600).
IMPORTANT : il faut procéder dans cet ordre, sinon rien ne fonctionne et il est impossible de passer à l’étape suivante. C’est donc l’inverse de ce qui est présenté dans le tutoriel disponible sur le site dans lequel on débute par le point limité éloigné. Par contre, il faut convenir que cette façon de faire est très appropriée. En effet, l’image finale correspondra au cliché réalisé avec la mise au point la plus rapprochée. En procédant ainsi, il est possible d’effectuer les ajustements nécessaires à la position de la caméra (on parle ici de macro ou proxi photographie, ne l’oublions pas) pour obtenir le cadrage souhaité dès le début du processus.
Ces réglages complétés, je passe à l’étape de la prise de vue. Deux options sont disponibles :
FOCUS STACKING SIMPLE
FOCUS STACKING ADVANCED.
Je préfère l’onglet FOCUS STACKING ADVANCED qui me donne accès aux options suivantes :
Il est possible de procéder en déterminant le nombre de photos à prendre. L’étagement ou des points de mise au point (ou incrément) sera alors réglé par le logiciel. Cependant, cette option entraîne le risque d’un espacement trop grand entre les clichés (mauvais chevauchement des zones de netteté) et je préfère ne pas l’utiliser.
J’ai plutôt choisi de fonctionner en indiquant l’incrément de la mise au point. Avec les réglages d’exposition utilisés (1/200sec, f/16) pour mon Nikon D7000 sur lequel est monté une lentille Tamron 90mm 2.8 Macro, un incrément entre 135 et 150 constitue le réglage optimal pour assurer d’un bon chevauchement des clichés réalisés. Le logiciel détermine automatiquement le nombre requis de photos.
Il est possible de pré visualiser la série de points pour valider les paramètres inscrits en cliquant sur le bouton Aperçu.
Enfin, l’option Temps d’attente permet de régler un délai entre chaque déclenchement. Je l’ai réglé ici à 3 secondes pour m’assurer que le flash utilisé bénéficie de suffisamment de temps pour se recharger.
Je lance ensuite la prise de vue en cliquant sur le bouton Démarrer. digiCamControl prend alors en charge tout le travail de prise de vue.
Voici le résultat obtenu (les photos ont été fusionnées avec LR/Enfuse) :
Lorsque tout se passe bien, j’obtiens le nombre de photos annoncé. Il devrait couvrir le champ prévu du point limite rapproché au point limité éloigné. Malheureusement, ma lentille Tamron se montre capricieuse et son moteur de mise au point fait parfois défaut. Je dois alors compléter manuellement la prise de photos pour couvrir le champ prévu.
Pour y arriver, je débloque le point limite éloigné (icone du cadenas de droite) et je me sers des contrôles de mise au point pour réaliser les clichés nécessaires.
Voilà, j’espère que ce tutoriel vous sera utile dans la prise en main de cette petite perle de logiciel.
À bientôt,
François Guay